Retours sur la première étude de l'OPCO Santé

La démocratie sanitaire

En février dernier, l’Observatoire de l’OPCO Santé publiait son étude sur la démocratie sanitaire "L’affirmation de la démocratie sanitaire dans les établissements de santé ». A cette occasion, un webinar était organisé, réunissant un certain nombre d’intervenants autour de la question « La démocratie sanitaire, quel bilan 18 ans après » qui a rencontré un vif succès. Retour sur cet événement avec deux des intervenants du webinar, par ailleurs membres de la commission paritaire de coordination emploi-formation en charge du pilotage de l’Observatoire.

Interview avec Laurent Terme et Jean-Marc Le Ravallec

Interview croisée avec Laurent Terme, secrétaire adjoint de la Commission paritaire de coordination des politiques emploi-formation* en charge de l’Observatoire et secrétaire fédéral à la CFDT, en charge des métiers et des professions, et Jean-Marc le Ravallec, administrateur suppléant de l’OPCO Santé, secrétaire de la Commission paritaire de coordination des politiques emploi-formation*, et directeur délégué du centre mutualiste de Kerpape (centre de rééducation et de réadaptation fonctionnelles) en Bretagne.

* Comme toutes les instances de l'OPCO Santé, la Commission paritaire de coordination emploi-formation est une instance composée à parts égales de membres d'organisations syndicales de salariés et d'organisations professionnelles d'employeurs, toutes représentatives au sein des branches professionnelles. Cette représentation paritaire permet de garantir la prise en considération des problématiques emploi-formation du secteur de la santé. 

Quel regard portez-vous sur la démocratie sanitaire et l’étude réalisée par l’OPCO Santé ?

Laurent Terme : « Cette étude permet de réinterroger le rapport entre « le savant » et l’usager avec une réflexion autour de la capacité à agir du patient afin qu’il s’approprie son parcours. C’est un sujet essentiel sur lequel peu d’études ont été menées. Aussi, le lancement de l’étude au sein de l’Observatoire était propice car cette réflexion sur la place de l’usager a cours au sein de diverses institutions.

« Cette étude démarrée en 2018 a une portée transversale car elle concerne aussi bien le secteur du sanitaire, social, médico-social à but non lucratif que l’hospitalisation privée. C’était une façon d’entrer avant l’heure dans l'OPCO Santé » qui englobe un périmètre élargi à plusieurs secteurs (par suite de la réforme sur la formation professionnelle). Conséquemment, c’était un trait d’union également avec le rôle actuel de l’Observatoire. »

Jean-Marc le Ravallec : "En tant que responsable d’établissement, il n’était pas évident de définir ce qu’est la démocratie sanitaire. Cette étude m’a amené à me poser beaucoup de questions sur la relation que nous avons avec nos usagers ; et m’a fait prendre conscience qu’un certain nombre d’actions que nous réalisons ici, au centre de Kerpape, relève de la démocratie sanitaire.

Plus largement, mon constat sur la démocratie sanitaire est que la relation avec nos patients évolue de plus en plus. Les usagers prennent une place grandissante dans le fonctionnement de nos structures qui va bien au-delà des instances légales prévues par la loi. Beaucoup plus qu’avant, nous associons les usagers à des sujets auxquels nous n’aurions pas pensé. Un exemple : pour répondre à une problématique dans le cadre de travaux par exemple, on constituera des groupes de travail auxquels on associera naturellement les usagers."

Le webinar a rencontré un vif succès auprès des participants : selon vous, pourquoi et quels éléments-clés avez-vous retenu ?

Laurent Terme : « La rencontre a permis de vulgariser la notion de démocratie sanitaire et aussi de la confronter à la réalité, notamment grâce à la diversité des intervenants qui a permis de la redéfinir dans ce qu’elle est et n’est pas. Il faut noter aussi l’importance du format. Du fait de la crise sanitaire, nous avons organisé l’événement à distance : nous avons eu un public plus important, et avons invité un nombre plus conséquent d’intervenants.

Donc, en termes d’objectifs, c’est une réussite car c’était l’occasion de rendre compte plus largement des résultats de l’étude. Aussi, les échanges lors du webinar ont permis de nourrir les réflexions en cours au sein de l’Observatoire et de la commission sur la construction de modules de formation autour de la démocratie sanitaire, qui est la finalité de cette étude, et des études en général que nous menons. »

Jean-Marc Le Ravallec : « Le webinar a permis d’entendre le point de vue de tout le monde, celui des patients comme des établissements… Cela a donné vie à la démocratie sanitaire à travers les différents témoignages, de mieux incarner la notion. Cela a soulevé des questions très concrètes : quelles actions nécessaires pour faire vivre cette démocratie sanitaire, en parallèle des obligations légales ? C’est-à-dire dans la continuité des groupes de travail ou des commissions des usagers que nous menons par exemple dans notre établissement, une fois par trimestre. »

Enfin, un mot sur le rôle de l’Observatoire : son évolution et ses missions depuis sa création en 2019 ?

Laurent Terme : " Le rôle de l'Observatoire implique de venir en appui à quatre secteurs avec leurs spécificités propres. Cela requiert un dialogue permanent avec les CPNE-FP* car il est essentiel de trouver le juste équilibre pour que chaque secteur trouve sa place avec ses besoins et ses spécificités."

 

Laurent Terme : " Il en ressort un enjeu important : la capacité de l’Observatoire à restituer efficacement les données des études « multi-secteurs » et à partir de celles-ci, proposer des préconisations sur les formations certifiantes et professionnalisantes de demain. C’est-à-dire observer les mutations et ensuite construire. Car le cœur de mission en définitive, c’est la prise en charge efficace des publics à travers l’ensemble des structures."
 

*Commission Paritaire Nationale de l’Emploi et de la Formation Professionnelle

Jean-Marc Le Ravallec : « En effet, il faut bien avoir à l'esprit que l’Observatoire de l’OPCO Santé est celui de l’ensemble des secteurs fondateurs réunis dans le périmètre de l’OPCO Santé : le secteur du sanitaire, social et médico-social à but non lucratif, l’hospitalisation privée, les services de santé au travail interentreprises et le thermalisme.

 

Jean-Marc Le Ravallec : « L’Observatoire devient un outil de cohésion, de fédération entre ces secteurs qui jusqu’ici ne travaillaient pas ensemble. Dorénavant, quand cela est pertinent, on essaye de voir à travers la demande isolée d’une branche si celle-ci est mutualisable. Par exemple, le sujet des besoins en recrutement par territoire est typiquement un sujet qui intéresse tout le monde, toutes branches confondues, car tout le monde a des particularités locales. C’est d’ailleurs, la première étude commune de l’Observatoire.