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Apprendre, c’est reprendre le contrôle. Cette phrase résume parfaitement l’enjeu abordé lors de la conférence organisée par l’ANLCI et l’OPCO Santé dans les locaux de Chemins d’Espérance à l’occasion des journées nationales de lutte contre l’illettrisme. L’illettrisme et l’illectronisme, souvent invisibles, touchent pourtant toutes les entreprises et ont des impacts directs sur la sécurité, la qualité et l’efficacité au travail.
Définir l’illettrisme et l’illectronisme
L’illettrisme et l’innumérisme concerne les personnes qui ont été scolarisées en France mais qui ne maîtrisent pas suffisamment les savoirs de base comme la lecture, l’écriture ou le calcul. Il ne s’agit pas d’un trouble de santé comme la dyslexie ou dyscalculie : c’est une difficulté de compétence, remédiable par un accompagnement adapté.
Avec la généralisation du numérique, une nouvelle forme de difficulté est apparue : l’illectronisme. Il désigne le manque de maîtrise des compétences numériques de base nécessaires à l’autonomie dans le travail et la vie quotidienne, qu’il s’agisse de savoir manipuler des outils comme la messagerie ou les logiciels métiers, de comprendre et d’utiliser les informations numériques pour accomplir ses tâches professionnelles, ou encore d’accéder aux ressources et processus indispensables à l’exercice de son métier.
Les conséquences pour les salariés et les entreprises
10 % de la population, soit 3,7 millions de personnes, rencontre des difficultés avec les compétences de base. Dans le secteur médico-social et sanitaire, 1 salarié sur 10 est concerné.
Ces difficultés peuvent entrainer :
- des erreurs dans le suivi des protocoles et la prise en charge des publics lié à une mauvaise compréhension des consignes ;
- des problèmes dans l’utilisation des logiciels et la rédaction des comptes rendus ;
- des soucis de cohésion d’équipe et de communication ;
- une usure professionnelle liée à la nécessité de développer des stratégies d’évitement ou de contournement ;
- un manque d’autonomie
Pourquoi agir ?
Parce que le rôle de l’entreprise est de s’assurer que chaque salarié dispose des conditions nécessaires pour exercer son métier efficacement et en sécurité.
Parce que l’illettrisme entraine des coûts cachés : accidents, turnover, encadrement supplémentaire et perte de temps. Dans certaines structures, ces coûts peuvent atteindre 6 % de la masse salariale. Investir dans la formation et l’accompagnement des salariés contribue à prévenir ces impacts et à renforcer la performance et la fidélisation.
Comment agir ?
Au cours de cette conférence, plusieurs bonnes pratiques ont été identifiées :
- Sensibiliser sans stigmatiser et dédramatiser le sujet auprès des équipes ;
- Utiliser des outils de repérage comme le test EVA, pour identifier les besoins sans stigmatisation ;
- Proposer des formations sur mesure : lecture, écriture, compétences numériques, messagerie, systèmes d’information RH, certifications CléA ;
- Créer des équipes pluridisciplinaires impliquant différents métiers et niveaux hiérarchiques.
Le principal défi pour les employeurs consiste à savoir comment aborder ce sujet très sensible au sein de leurs structures. Il faut faire preuve de créativité pour dépasser la honte et le silence qui entourent l’illettrisme. Pour accompagner les employeurs du secteur, l’OPCO Santé et l’ANLCI se tiennent à disposition afin de co-construire des solutions adaptées, notamment à travers des réunions de travail.
L’illettrisme constitue un enjeu stratégique pour les entreprises comme pour les salariés. Les personnes formées aux compétences de base le confirment : sortir de l’illettrisme permet de gagner en autonomie et en confiance en soi, tout en sécurisant les pratiques et en améliorant la qualité du travail. Pour les employeurs, les bénéfices sont tout aussi évidents : investir dans la formation des salariés en difficulté facilite le recrutement et la fidélisation, notamment dans les métiers en tension, favorise un environnement de travail plus collaboratif et serein, et contribue à renforcer la marque employeur. Agir contre l’illettrisme est ainsi un véritable gagnant-gagnant, à la fois humain et économique.
- Le 01 décembre 2025 Lire l'article